đ€ CETTE SCĂNE QUI MâA MARQUĂ : Awakening
DerniÚre mise à jour : 21 févr. 2024
Le film dont jâai envie de vous parler aujourdâhui, je lâai vu la premiĂšre fois adolescent avec mon pĂšre qui mâavait prĂ©venu avant de le voir : ''Ce film, tu ne peux le voir quâune seule foisâŠ''
Une fois visionnĂ©, jâai compris ce quâil entendait par lĂ . En effet, lâhistoire et la mise en scĂšne sont tellement dĂ©chirantes quâon nâest pas loin de la torture Ă©motionnelle Ă certains passages.
Mais voilĂ , en grandissant, je lâai revu plusieurs fois afin dâessayer de comprendre ce qui me bouleversait Ă ce point dans ce film. Câest ce que je vais tenter de vous expliquer Ă lâaide dâune scĂšne en particulier.
En 1990 sortait le film « Awakening» réalisé par Penny Marshall avec Robin Williams et Robert De Niro.
Nous sommes Ă New York en 1969. Dans un hĂŽpital psychiatrique du Bronx, Leonard Lowe (Robert De Niro) vĂ©gĂšte avec d'autres victimes dâune Ă©pidĂ©mie dâencĂ©phalite qui a frappĂ© les Ătats-Unis quelques dĂ©cennies plus tĂŽt. Le docteur Malcolm Sayer (Robin Williams), jeune chercheur en neurologie, ambitionne de guĂ©rir ces malades prĂ©tendument incurables et rĂ©ussit Ă rĂ©veiller un patient plongĂ© dans un Ă©tat catatonique depuis 30 ans.
La scĂšne que jâai choisie aujourdâhui intervient dans la derniĂšre portion du film. Le docteur Sayer a rĂ©ussi Ă rĂ©veiller Leonard et pour la premiĂšre fois depuis son enfance, il redĂ©couvre le goĂ»t de la vie.
Pendant son Ă©veil, Leonard a retrouvĂ© sa mĂšre, a retrouvĂ© une passion avec le maquettisme dâarchitecture et sâapprĂȘte Ă dĂ©couvrir lâamour auprĂšs dâune jeune femme nommĂ©e Paula (Penelope Ann Miller) . Durant le film, on le voit se faire tout beau pour elle. Le courant passe bien entre les deux et la jeune femme est mĂȘme surprise dâapprendre que Leonard est lui-mĂȘme un patient.
Mais voilà que les symptÎmes de la maladie reviennent et replongent le pauvre Leonard dans sa léthargie.
La scĂšne commence avec Leonard qui tente de se coiffer du mieux quâil peut devant un miroir. Cette action me reconnecte tout de suite Ă sa relation amoureuse avec Paula et je me dis : aĂŻe.. ça va ĂȘtre compliquĂ©...
On le retrouve ensuite avec la jeune femme tous les deux assis à une table dans le réfectoir.
La performance de De Niro est dĂ©chirante tant on perçoit quâil tente tant bien que mal de contrĂŽler sa maladie. Il est aidĂ© par une Penelope Ann Miller qui joue tout en subtilitĂ© lâaccueil de son discours. Tout peut se lire sur son visage sans quâelle ne prononce un mot.
Alors quâelle tente dâapporter une touche de lĂ©gĂšretĂ© en lui disant quâelle est allĂ©e danser avec des amis, Leonard lui rĂ©pond quâil ne pourra jamais le faire et en profite pour lui dire quâils ne se reverront plus.
Tout dans cette scÚne est pensé pour marquer le climax émotionnel.
Tout dâabord, le cadrage. Au dĂ©but de la scĂšne les deux personnages sont dans le mĂȘme plan puis plus on avance dans la discussion, plus ils sont isolĂ©s chacun dans leur plan montrant la sĂ©paration. Ce nâest quâau moment oĂč, alors que Leonard est sur le point de sâen aller, que Paula se lĂšve pour danser avec lui. LĂ , ils sont Ă nouveau rĂ©unis dans le mĂȘme plan.
Le moment est rempli de poĂ©sie, la musique au piano de Randy Newman apporte une mĂ©lancolie supplĂ©mentaire. Pendant un instant, Leonard arrĂȘte mĂȘme de trembler. Est-ce rĂ©el ? Je ne sais pas mais le temps semble sâĂȘtre arrĂȘtĂ©.
On retrouve ensuite Leonard tremblant en train dâessayer de marcher jusquâĂ la fenĂȘtre. Une fois devant, il regarde la jeune femme sâĂ©loigner au loin et prendre un bus. Le tout vu Ă travers le grillage de la fenĂȘtre. MĂ©taphore Ă©vidente de son emprisonnement.
Ce moment, câest non seulement un adieu Ă Paula, un adieu Ă lâamour mais Ă©galement un adieu Ă sa vie. Leonard est conscient quâil est sur le point de replonger dans les tĂ©nĂšbres et câest ce qui rend cet instant si dĂ©chirant.
La scĂšne se termine avec Leonard dessinant sur une feuille de papier. Comme un Ă©lectrocardiogramme qui sâarrĂȘte, sa main se fige. Il est reparti dans lâoubli.
LâĂ©phĂ©mĂšre nous rappelle Ă quel point il est important de savoir profiter de la vie. Rien nâest Ă©ternel, nous ne faisons que passer. Par consĂ©quent, le temps est prĂ©cieux et devrait ĂȘtre apprĂ©ciĂ© Ă sa juste valeur.
Cette scĂšne est pour moi parfaite dans toute sa composition. Câest le parfait mĂ©lange de la technique, du jeu dâacteur et de la musique au service dâune Ă©criture tout en subtilitĂ©.
Le rĂ©sultat transcende lâĂ©vĂ©nement. Penny Marshall raconte sans fioriture, via sa mise en scĂšne, la tendresse du moment et câest pour moi une grande source dâinspiration.
Pour toutes ces raisons, lorsque je veux me rappeler pourquoi jâai souhaitĂ© faire du cinĂ©ma⊠et bien, je regarde cette scĂšne et je me souviens.
Et toi ? Est-ce que cette scÚne t'a marqué ?
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