🤍 CETTE SCÈNE QUI M’A MARQUÉ : ROCKY

Le film dont j’ai envie de vous parler aujourd’hui à une place toute particulière dans mon cœur. Enfant, il m’a permis de découvrir la boxe (mon troisième amour après le cinéma et ma dulcinée) mais surtout, il m’a permis de découvrir un style de récit qui m’inspire encore aujourd’hui : Créer l’extraordinaire dans l’ordinaire.

En 1976 sortait le film Rocky, l’histoire d’un boxeur de seconde zone a qui on va donner l’opportunité de disputer un combat pour le titre.

La scène dont j’ai décidé de vous parler se déroule dans la première portion du film. Après nous avoir présenté son quotidien et son entourage, Rocky vient de recevoir la proposition de sa vie : une chance de combattre Apollo Creed, le champion du monde des poids lourds.

C’est le moment que choisi le film pour nous proposer une conversation intimiste entre son vieille entraîneur Mickey et Rocky. C’est cette conversation qui m’intéresse tout particulièrement.

Mickey l’a viré quelques jours plus tôt de sa salle de boxe mais lui propose maintenant de devenir son manager. Toutes les pièces sont en place pour créer un conflit.

On commence la scène du point de vue de Mickey, il monte les escaliers, fatigué. En frappant à la porte, il a une hésitation… Il sait que ce qu’il s’apprête à essayer de faire n’est pas joué d’avance.

Rocky ouvre la porte. L’image est sale, la lumière n’est pas très belle, la déco est simple et la couleur dominante est le jaune cracra. On ne va pas passer un bon moment…

On entre très vite dans le vif du sujet. L’intelligence de la scène repose sur le fait que le conflit ne se déclenche pas immédiatement. Il infuse tout au long de la scène pour finir par exploser dans la troisième partie.

Rocky encaisse, la frustration et la colère monte.. monte.. monte.. pendant que Mickey tente de le convaincre de devenir son manager. L’entraîneur, embarqué dans son speech passionné sur son passé, veut offrir à Rocky ce qu’il n’a jamais pu avoir et ainsi se créer une seconde chance. On comprend alors pourquoi Mickey a ouvert son club de boxe, pourquoi il est si dur avec ses boxeurs et pourquoi il a viré Rocky. Ce que le vieil entraîneur recherche, c’est un héritier… Quelqu’un qui lui permettrait d’obtenir sa seconde chance.

Pendant toute la conversation, la caméra est spectatrice. Très peu de mouvements et peu de cut. Elle est là pour capter le moment, pour laisser le temps et l’espace aux personnages d’exprimer leurs frustrations.

Pour Mickey, la frustration de ne jamais avoir été soutenu.

Pour Rocky, la frustration de n’être considéré que maintenant.

Une fois que Rocky refuse sa proposition, Mickey montre son « vrai » visage, celui d’un vieil homme triste, meurtri et rempli de regrets.

Rocky explose et déverse toute la colère et la frustration qu’il retenait jusque-là.

Ce qui rend cette scène extrêmement touchante à mes yeux, c’est la façon avec laquelle on nous présente deux personnages remplis de blessures. Ce sont deux animaux meurtris qui se ressemble en réalité beaucoup. L’idée de commencer la discussion avec les deux tortues est symboliquement intéressant. On nous montre dès le début que les tortues sont ensemble, coincés dans un bocal… comme nos deux personnages.

A la fin de la scène, Rocky finit par aller récupérer son entraîneur dans la rue. La camera reste très loin, comme si elle nous disait que c’est le moment de leur laisser un peu d’intimité…

Après avoir vu cette scène, je suis lié comme du ciment à la relation entre les deux personnages. Je les comprends et maintenant… tout ce qu’on va me montrer de leurs complicités à venir devient crédible. Rocky et Mickey sont deux faces d’une même pièce.

Stallone dans son scénario a tout compris à l’écriture des personnages… Une masterclass pour moi.

Exceptionnellement, je vous mets l’extrait en VF. Rocky est une véritable madeleine de Proust pour moi… et afin d’avoir la même saveur que durant mon enfance, j’avoue avoir besoin de le voir dans les mêmes conditions qu’à l’époque.

Pour toutes ces raisons, lorsque je veux me rappeler pourquoi j’ai souhaité faire du cinéma… et bien je regarde cette scène et je me souviens.

Et toi ? Est-ce que cette scène t’a marqué ?