🤍 CETTE SCÈNE QUI M’A MARQUÉ : Le Parrain
- Vincenzo Aiello
- 6 mai 2024
- 3 min de lecture
En ce jour pluvieux du mois de mai, qui ressemble étrangement à une journée d’automne, j’ai eu envie d’écrire sur l’un des films les plus respectés de l’histoire du cinéma. J’ai nommé "Le Parrain" de Francis Ford Coppola.
Je ne vais pas cacher le suspense plus longtemps, je suis en totale admiration devant la mise en scène et l’écriture du Parrain depuis très longtemps. À chaque fois que je revois les deux premiers (mettons le troisième de côté hahah), je me dis qu’on n'est pas loin d’avoir un film où chaque scène est littéralement un chef d’œuvre.
Mais aujourd’hui, j’ai décidé de vous parler d’une scène peut-être un peu moins sous les feux des projecteurs habituellement, mais qui me touche tout particulièrement. En 1974 sortait "Le Parrain, 2ème partie". Un récit qui raconte la radicalisation de Michael Corleone dans sa posture jusqu’à devenir intraitable.
Nous sommes proches du dénouement du film lorsque Tom Hagen (le « consigliere » de Michael Corleone) se rend en prison afin de rendre visite à Frankie Pentangeli (le traître). Tout l’enjeu de cette scène est de trouver une fin "acceptable" pour Frankie qui, durant la création de l’empire Corleone, a été une pièce maîtresse de la famille.
Dès le début de la scène, la caméra est pudique. Elle se cache derrière le grillage de la prison, comme pour laisser de l’intimité à Tom et Frankie. Nous ne sommes pas sensé assister à cette discussion.
La scène est un plan séquence où les personnages marchent de droite à gauche, symbole du voyage vers le passé. La thématique est donc posée dès le début. Frankie suit Tom, comme pour nous montrer qu’il reste attaché à son passé malgré sa trahison.
Les deux vieux amis commencent par allumer un cigare, ils sont décontractés, ils viennent du même monde. Chacun admettant le rang de l'autre dans la hiérarchie mafieuse.
La scène est composée de 3 parties :
Le début du couloir, on reparle indirectement de la trahison.
Le milieu du couloir, on parle de Frankie et de ce qu'il a représenté pour la famille.
La fin du couloir, on parle indirectement de la solution à apporter.
Je passe le début du dialogue qui fait directement référence à la façon dont Michael Corleone a stoppé la trahison de Frankie pour aller directement à la deuxième partie : Les deux hommes parlent du passé, de la création de l’empire Corleone et de l’implication de Frankie dans celui-ci. Chargé de nostalgie, ce discours permet à Tom d’admettre la valeur de Frankie. La famille sait ce qu’il a fait pour elle dans le passé et ne l’oublie pas.
La musique fait son entrée à travers la valse composée par Nino Rota, qui vient convoquer la gravité de ce qui est sur le point d’être discuté.
Tom convoque alors habilement l’histoire en expliquant que dans l’empire romain, lorsqu’un complot contre l’empereur était déjoué, on donnait toujours une chance au traître de se racheter. La caméra s’est arrêtée, nous sommes visuellement au bout du couloir. C’est le dénouement.
Frankie répond alors que dans ces cas-là, si le traitre se suicidait, sa famille était prise en charge. Ce à quoi Tom répond que c’était un bon deal. Les deux hommes se serrent la main. Indirectement, la mort de Frankie vient d’être actée.
Frankie regarde Tom s’éloigner.
À chaque fois que je revois cette scène, je suis ému par la façon dont Coppola met en scène, avec pudeur, un instant déchirant. Le jeu de Robert Duvall et Michael V. Gazzo est tendre et touchant. Je ressens, dans la discussion, tout l’enjeu d’une conversation qui n’a en réalité jamais totalement lieu frontalement.
C’est pour moi un exemple parfait d’élégance de la mise en scène au service du scénario. C’est une très grande scène de cinéma, simple et sans fioritures.
Pour toutes ces raisons, lorsque je veux me rappeler pourquoi j’ai souhaité faire du cinéma… eh bien, je regarde cette scène et je me souviens.
Et toi ? Est-ce que cette scène t'a marqué ?




