🤍CETTE SCÈNE QUI M’A MARQUÉ : À la recherche du bonheur
- Vincenzo Aiello
- 26 août
- 3 min de lecture
Il y a des scènes de cinéma qui prennent aux tripes, qui te retournent l'estomac, qui t’arrachent une larme mais qui te laissent aussi un drôle de goût en bouche.
La scène dont j’ai envie de vous parler aujourd’hui, c’est la dernière scène du film « À la recherche du bonheur », sortie en 2006, réalisé par Gabriele Muccino avec un Will Smith magistral.
Nous sommes à la fin du film. Chris Gardner vient de traverser une série d’épreuves qui auraient brisé n’importe qui. Mais ce jour-là, il obtient enfin le job dont il rêve. Il décroche le poste de trader dans une grande firme. Un costume impeccable, une poignée de main discrète et un "Congratulations" qui pèse des tétra-tonnes !
Sans un mot, Chris sort du bureau… et la dernière scène commence.
Il marche dans la rue. Il est seul dans la foule. Les larmes montent, il tape dans ses mains, lève les bras et sourit. Il vient de gagner.
En presque un seul plan, c’est tout le soulagement d’une souffrance accumulée pendant tout le film. Pour moi, c’est l’effet cocotte-minute absolue.
Et le film se termine là-dessus.
Techniquement, Muccino ne cherche pas à en faire trop. Il filme Will Smith de loin, avec une longue focale. On est dans son intimité. En l’observant, j’ai l’impression d’assister à une réaction à laquelle je ne devrais pas avoir accès, tant elle est personnelle. Autour de lui, la ville continue son vacarme. L’homme vient de vivre une révolution intérieure, mais personne ne le voit.
C’est ce contraste qui rend ce moment si touchant, à mon sens.
Will Smith, lui, livre une performance à fleur de peau. C’est un moment de cinéma intense, un climax émotionnel qui fonctionne de feu de Dieu sur moi.
Mais voilà…
Si je trouve cette scène incroyable dans sa mise en scène, dans son interprétation, dans sa capacité à synthétiser tout le parcours de Chris en quelques secondes…je ne peux pas m’empêcher de la trouver méga cynique.
Parce que selon moi, ce que le film nous dit, c’est que la vie, c’est une longue souffrance, une série d’humiliations qu’il faut encaisser sans jamais broncher jusqu’à ce que, si t’as de la chance et que t’es assez fort, tu puisses enfin porter un costume et bosser à Wall Street.
Sérieusement ? C’est ça, le but de la vie ? Devenir trader ?
Je ne sais pas vous… mais moi, je n’ai jamais rêvé de ça. Et je pense qu’on est nombreux à se dire qu’il y a autre chose à attendre de l’existence qu’un CDI bien payé dans la finance.
Ce film, et cette scène finale, me touchent… mais me dérangent aussi profondément.
Parce qu’il glorifie un système qui broie. Il enrobe d’émotion une idéologie brutale. Et ce, sans jamais vraiment la questionner. Après, on est en 2006… et je ne suis pas certain que ce film aurait vu le jour aujourd’hui. (Quoique…)
Mais malgré mon regard critique, malgré ce cynisme sous-jacent que je ne peux pas ignorer, je continue de regarder cette scène avec une boule dans la gorge.
Parce que ce que je vois aussi, c’est un père qui se bat pour son fils. C’est un homme qui n’abandonne pas. Et ça, quoi qu’on en pense, je trouve que ça reste beau.
C’est aussi ça que j’aime dans le cinéma : être bousculé dans mes valeurs, sentir ce sentiment partagé.
J’aime profondément ce film… et en même temps, je ne l’aime pas.Ce film, c’est pour moi le paradoxe humain incarné à chaque visionnage.
Pour toutes ces raisons, lorsque je veux me rappeler pourquoi j’ai souhaité faire du cinéma… eh bien, je regarde cette scène et je me souviens.
Et toi ? Est-ce que cette scène t’a marqué ?




