🤍 CETTE SCÈNE QUI M’A MARQUÉ : Le Bon, La Brute et Le Truand
- Vincenzo Aiello
- 20 oct. 2022
- 3 min de lecture
Aujourd’hui, le film dont j’ai envie de vous parler n’est rien d’autre que ma porte d’entrée dans le Western. Je devais avoir 8 ans quand j’ai pour la première fois appris à apprécier ce genre cinématographique à travers son courant le plus décalé : Le Western Spaghetti.
En 1966 sortait le film Le Bon, La Brute et Le Truand (il buono, il brutto, il cattivo) avec dans les rôles titres le trio Blondin (Clint Eastwood, « le Bon »), Sentenza (Lee Van Cleef, « la Brute ») et Tuco (Eli Wallach, « le Truand »). L’histoire de déroule pendant la guerre de Sécession où trois hommes se lancent à la recherche d’un coffre contenant 200 000 $ en pièces d’or volés à l’armée sudiste.
Ce film, je l’ai vu un nombre incalculable de fois dans mon enfance et je l’ai redécouvert avec plaisir bien plus tard avec un œil plus affuté. Il y a de nombreuses scènes dont j’aurais pu vous parler. Celle où Tuco se fait torturer par Sentenza sous fond d’un concert de violons ou encore lorsque Blondin et Tuco discutent de façon détachée de l’absurdité de la guerre avec en arrière-plan la guerre qui fait rage. Vous l’avez peut-être compris, ce qui me plaît dans ce film et dans la réalisation de Sergio Leone plus particulièrement, c’est sa volonté de contraster son récit en permanence.
Mais il faut bien choisir une scène.. alors celle don’t j’ai décidé de vous parler aujourd’hui n’est rien d’autre que le dernier duel du film. Blondin, Sentenza et Tuco s’affrontent dans le cimetière de Sad Hill où est enterré le trésor. Seul Blondin sait dans quelle tombe sont cachés les dollars. Il annonce qu’il inscrira le nom de la tombe sur une pierre qu’il pose au centre du cimetière.
La scène s’ouvre avec Blondin qui marche au centre du cimetière suivis bientôt par Sentenza et Tuco. Commence alors un véritable balais au centre d’une arène. Les pierres tombales disposés tout autour d’eux font office de public. Comme si tous les morts de la guerre pouvaient regarder ce spectacle.
Sergio Leone comme à son habitude étire le temps, créant du mouvement dans l’immobilité. Chaque plan contient son stimulus visuel qui accroche le regard du spectateur. Les plans semblent répétitifs, ils ne le sont pourtant pas. Chacun d’eux apportant une information supplémentaire. Toute la force de la mise en scène de Leone se retrouve pour moi dans cette scène. Il parvient à créer une évolution dramaturgique et une montée en tension permanente sans dialogues et quasiment sans mouvements.
Un véritable tour de force qui se termine par la mort de l’un des trois protagonistes. Sergio Leone a ensuite l’intelligence de clore son duel par une note d’humour qui fonctionne comme une soupape de décompression pour le spectateur et crée (on y revient) du contraste.
La scène se termine ensuite avec une réplique qui restera mythique dans l’histoire du cinéma :
You see, in this world there's two kinds of people, my friend: Those with loaded guns and those who dig. You dig.
Je ne peux pas parler de cette scène sans évoquer un instant la grandiose musique d’Ennio Morricone. Il aurait écrit la musique directement sur le scénario et Sergio Leone l’aurait utilisé directement sur le set. C’est peut-être ce qui explique cette symbiose parfaite entre le jeu des comédiens, les déplacements et la musique. Comme à son habitude, Morricone parvient à composer une splendide complainte épique. A certains moments, on croirait presque entendre les morts ricaner depuis leurs tombent en voyant le spectacle.
Pour toutes ces raisons, lorsque je veux me rappeler pourquoi j’ai souhaité faire du cinéma… et bien je regarde cette scène et je me souviens.
Et toi ? Est-ce que cette scène t’a marqué ?




