🤍 CETTE SCÈNE QUI M’A MARQUÉ : THE FLY
- Vincenzo Aiello
- il y a 2 jours
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Ce matin, alors que j’attendais le tram pour aller en ville, j’ai aperçu sur le tronc d’un arbre une petite chenille qui rampait. Je me suis dit qu’un jour, elle finirait sans doute par entamer sa transformation en papillon.
Je ne sais pas pourquoi, mais ça m’a immédiatement fait penser à un film qui m’a longtemps dérangé.
Pas dérangé dans le sens "je ne l’ai pas aimé" mais plutôt dérangé dans le sens où il s’est logé quelque part en moi et qu’il a refusé de partir.
Ce film, c’est The Fly, réalisé par David Cronenberg en 1986.Un film qu’on pourrait facilement ranger dans la catégorie horreur/sci-fi de série B sauf que non. Ce serait passer à côté de ce qu’il raconte vraiment.
C’est un film sur la transformation. Sur la perte de soi. Sur la déchéance. Sur le corps qui ne répond plus. Mais c’est surtout, à mes yeux, un film sur la peur de ne plus être aimable.
La scène que j’ai choisie aujourd’hui, c’est celle où Seth Brundle (interprété par Jeff Goldblum, que je trouve incroyable dans ce rôle) se tient devant son miroir. Il est dans sa salle de bain et il se regarde. Enfin… il essaie parce que ce qu’il voit, ce n’est déjà plus vraiment lui.
Je ne sais pas pourquoi mais cette scène m’a, plus jeune, longtemps obsédée. Peut-être parce qu’elle est simple, crue, presque silencieuse.
Seth n’arrive plus à se raser et des morceaux de lui-même tombent littéralement : Un ongle, une dent, un bout de chair.
La caméra est pudique, presque documentaire. On est comme des voyeurs, forcés de regarder ce que l’on ne veut pas voir : la déchéance d’un corps, la fin programmée d’un être. C’est viscéral, organique et, à mon sens, poétique dans l’horreur.
A la fin de la scène, il dit une phrase simple mais puissante :
« Am I dying? »
Ce n’est pas un monstre à l’écran. C’est un homme perdu, seul et fragile. Cette phrase, c’est celle d’un malade en phase terminale.
Cronenberg a ce génie-là. Il sait injecter de l’humain dans le monstrueux. Il ne fait pas de l’horreur pour l’horreur, il fait à mon sens un film sur la peur d’être abandonné, de se perdre soi-même et de ne plus être aimable.
Elle parle de notre corps qu’on ne comprend pas toujours, de la peur de la maladie, du vieillissement et de la solitude.
Ce qui me plaît dans le genre horrifique, c’est lorsqu’il exalte et montre à nu une peur profonde. J’aime me dire que c’est littéralement notre subconscient cauchemardesque qui fait surface. Au final, c’est peut-être l’un des genres cinématographiques les plus profonds, impalpables et viscéraux. Lorsque le film est vraiment de qualité, comme The Fly, alors on touche à l’intimité humaine comme rarement.
Pour toutes ces raisons, lorsque je veux me rappeler pourquoi j’ai souhaité faire du cinéma… eh bien, je regarde cette scène et je me souviens.
Et toi ? Est-ce que cette scène t’a marqué ?